LA FEMME INDIENNE CONTEMPORAINE -
Suite
3ème Partie – LE MARIAGE (Porselvi Tibource)
Jusqu’aux années 20, les femmes étaient mariées
autour de la puberté, vers 13 ans, voire bien avant. Mais
l’interdiction des mariages d’enfants et les législations
sur l’âge au mariage engagées à l’époque
coloniale et reprises après l’indépendance,
ont en principe prohibé ces pratiques.
Depuis 1950, l’âge moyen au mariage est passé
de 15 ans à 19 ans pour les femmes et de 21 à 25 ans
pour les hommes et l’écart d’âge entre
les époux est aujourd’hui de 5 ans. Le célibat
définitif étant ignoré et de divorce, une exception,
représente 1% des couples. Quant au concubinage, je crains
fort qu’il n’existe pas !
Les mariages se font dans leur caste, le choix du conjoint appartient
aux familles qui doivent encore négocier entre elles le montant
d’une dot.
Qu’est-ce qu’une dot ?
Ce sont les prestations en nature et en espèces versées
par les parents de la jeune fille à leur gendre ou à
sa famille. Quelquefois, la dot investie peut représenter
près de 70% du capital économique des familles. La
dot peut occasionner des conflits comme, par exemple, entre 1975
et 1978, plus de 5200 cas de jeunes femmes brûlées
« accidentellement » par leur mari ou la belle-famille
car leur dot étant jugée insuffisante. Les belles-mères,
dans ce cas, n’éprouvent aucun scrupule à tuer
leurs brus.
Le plus courant et le plus connu des mariages est celui du mariage
arrangé, avec, bien sûr, la célèbre et
inévitable dot, précédemment évoquée.
Le mariage d’amour, sauf quelques exceptions, n’existe
pratiquement pas. Ou bien dans les films ! Dans le mariage arrangé,
il existe aussi le mariage décidé dès la naissance
des enfants. Les enfants sont mariés dès l’âge
de 8 ans mais la jeune épouse devra rester chez ses parents
jusqu’à sa puberté. Ensuite, elle rejoindra
la famille de son époux, cette pratique, bien que réprimandée
par les lois, existe encore dans quelques régions du Nord
de l’Inde. Dans le Sud, pour conserver les acquis sociaux,
économiques et traditionnels, le mariage co-sanguin perdure.
Le mariage mixte, c’est-à-dire entre personnes soit
de races différentes, soit de castes ou même de religions
différentes relève encore de nos jours de l’exploit
! Nous en voyons peut-être les prémices, aujourd’hui,
d’un mariage du XXIème siècle !
Il est toujours rare de constater qu’un mariage se déroule
sans heurts à propos de religion, dot, caste. Dans les zones
urbaines, bien que les mariages soient arrangés, quelques
libertés sont laissées aux futures époux et
cela dépend des parents. Le mariage est sacré. La
chasteté de la femme est la vertu la plus précieuse.
Il n’en est pas demandé autant à l’homme.
Le contraire serait plutôt le signe rassurant de la virilité
de l’homme ! Même si les jeunes filles sont nées
en France, elles sont éduquées dans le but de devenir
de parfaites épouses. Il existe encore quelques familles
qui hésitent à laisser poursuivre les études
supérieures aux filles de peur qu’elles s’émancipent.
Souvent le mariage de ces filles se déroulent en Inde.
Le mariage lui-même donne lieu à des festivités
et à de grandes réjouissances. Les cérémonies
religieuses sont longues et peuvent très bien commencer à
4 heures du matin ! Souvent les fiançailles ont lieu le même
jour du mariage. La mariée est parée de beaucoup de
bijoux, drapée dans un sari généralement rouge
ou d’une couleur dorée ; elle porte bien évidemment
le point rouge, signe de féminité , symbole de la
vie et du sang menstruel et qui à cet instant précis
devient le signe qui indiquera dorénavant son statut marital.
Dans les cheveux, généralement, tressés une
multitude de fleurs les recouvriront. Le marié, lui, est
plutôt habillé à la manière occidentale.
Il est rare de nos jours, de voir un futur époux en «
veshti ». Il arbore aussi quelques bijoux comme une chevalière,
une gourmette et même une chaîne. Il portera à
cette occasion, lui aussi, un point rouge sur le front. Il est évident
que les cérémonies varient d’une religion à
une autre et d’une région à une autre.
La surmortalité féminine
Nous avons évoqué précédemment le cas
de femmes brûlées « accidentellement ».
Ceci nous pousse à parler de surmortalité féminine
en Inde. Son évolution depuis 20 ans témoigne de la
situation fragile des femmes. En 1970, la surmortalité était
de plus de 10%, atteignant même plus de 20% à celles
des garçons entre 0 à 10 ans. Elle était de
30 à 60% de 15 ans à 40 ans. En 1991, elle semble
constante chez les filles de 1 à 30 ans mais avec une légère
hausse parmi les 5 à 15 ans.
En milieu urbain, une forte régression est constatée,
elle ne dépasse pas 20%. Elle est essentiellement rurale,
ce qui démontre un déséquilibre séculaire
et croissant entre les sexes, au détriment des femmes, dans
l’ensemble de la population. Quelques chiffres le démontrent
:
· En 1901 : 972 femmes pour 1 000 hommes - · En 1951
: 946 femmes pour 1 000 hommes - · En 1991 : 929 femmes pour
1 000 hommes - C’est donc 29 millions de femmes qui manquent
aujourd’hui en Inde.
Cette surmortalité est très accusée en Inde
du Nord et Nord-Ouest, régions où l’infanticide
féminin était pratiqué. Dans tous le pays,
du Pendjab au Kérala, la naissance d’une fille est
toujours dévalorisée. Engendrer un fils est essentiel
pour prendre en charge le culte du père défunt. En
outre, la venue d’une fille qu’il faudra doter et marier
est souvent perçue par ses parents du point de vue économique,
comme un coût négatif.
Bien qu’une politique en faveur de la naissance des filles
est accentuée, les couples préfèrent avoir
au moins un garçon. Aussi bizarre que cela puisse être,
cette volonté d’avoir à tout prix un garçon
n’est pas la farouche volonté de l’homme mais
au contraire celle de la femme également. C’est pour
cela que l’on dénote au Nord de l’Inde, une chute
au niveau de la naissance de filles. Mais comment les Indiens comptent-ils
assurer la pérennité de la race indienne, si de plus
en plus naissent des garçons ?
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